Alors que la France commémore les 80 ans de la Libération, France Télévisions poursuit son ambitieux travail de mémoire en proposant des programmes rendant hommage à ceux – et surtout à celles – qui ont combattu dans l’ombre pour libérer le pays du joug nazi. Ce mardi à 21h10 sur France 2, la fiction inédite « Résistantes » nous entraîne dans le Vaucluse occupé de 1944, à la rencontre de femmes ordinaires devenues héroïnes par leurs actes de bravoure, dans une époque où le silence, la peur et le danger étaient le quotidien de ceux qui avaient choisi de ne pas courber l’échine.

Une fiction dans le souffle de l’Histoire

« Résistantes » s’inscrit dans une volonté de faire dialoguer fiction et Histoire, sans sacrifier l’émotion ni l’authenticité. Inspirée de faits réels, cette création télévisuelle revient sur un pan méconnu mais bouleversant de la Seconde Guerre mondiale : l’engagement des femmes dans la Résistance. Loin des récits classiques centrés sur les figures masculines, le récit suit ici les pas de Mère Madeleine, supérieure d’un institut pour jeunes filles sourdes, qui cache dans son couvent des enfants juifs et des maquisards. Une figure de courage, magnifiquement campée par Béatrice Facquer dans la version de 1944 et Line Renaud dans une version plus contemporaine, celle de la mémoire et de la transmission. À ses côtés, une distribution solide — Jonathan Zaccaï, Elodie Navarre, Jade Foucart — prête sa voix à cette fresque intime et collective. Dans un contexte de suspicion généralisée et de répression féroce, ces femmes, souvent invisibilisées dans les livres d’histoire, prennent ici toute la lumière qu’elles méritent.

Quand les femmes deviennent le cœur de la Résistance

La grande force de « Résistantes » réside dans sa capacité à incarner le combat féminin, sans mièvrerie ni exagération. On y découvre des femmes tiraillées entre foi, devoir, peur et solidarité. Le couvent, espace fermé en apparence, devient un lieu stratégique, presque un sanctuaire de lutte. Sœur Bernadette, Rosine, Gisèle… autant de figures fictives mais représentatives d’un engagement réel, souvent tenu secret pendant des décennies. La fiction rend hommage à toutes ces anonymes qui ont fait basculer le cours de l’histoire en prenant tous les risques pour sauver des vies. Le téléfilm ne verse pas dans le spectaculaire, mais dans le sensible, préférant la tension dramatique à la démonstration guerrière, et c’est ce choix narratif qui pourrait bien toucher un large public. En choisissant de raconter la guerre à hauteur de femmes, « Résistantes » se pose en miroir des silences de l’Histoire.

France Télévisions : une mémoire vivante et incarnée

Avec cette nouvelle fiction, France 2 confirme son rôle de vecteur de mémoire intergénérationnelle. Dans le cadre du dispositif exceptionnel consacré aux 80 ans de la Libération, la chaîne publique investit tous ses formats – magazines, documentaires, séries – pour faire vivre cette période cruciale. « Résistantes » n’est donc pas un simple téléfilm du mardi soir : c’est une pierre supplémentaire à l’édifice mémoriel construit patiemment pour que la transmission perdure. En donnant la parole aux femmes, en mettant en avant un territoire – le Vaucluse – et en s’appuyant sur des faits historiques, la fiction participe à l’éducation populaire autant qu’à l’émotion collective. Le casting intergénérationnel, la direction artistique sobre mais rigoureuse, et la charge symbolique de certaines scènes annoncées devraient faire de cette diffusion un temps fort du service public.