Ce mercredi soir à 20h30, LCP plonge les téléspectateurs dans les coulisses sulfureuses d’une campagne présidentielle pas comme les autres avec Balladur – Chirac, mensonges et trahisons, un documentaire signé Jean-Charles Deniau. Trente ans après le 7 mai 1995, date à laquelle Jacques Chirac accède enfin à la présidence après deux échecs cuisants, ce film remonte le fil d’un affrontement sans merci entre deux ténors de la droite française : Jacques Chirac et Édouard Balladur. L’un rêvait de réconciliation nationale, l’autre avait promis de ne pas se présenter… puis a trahi. La droite, déjà fracturée par des années de luttes internes, a connu ce printemps-là l’un de ses épisodes les plus violents, entre jeux d’alliances, coups bas, manipulations médiatiques et retournements de vestes. À travers des images d’archives, des interviews d’acteurs-clés de cette époque et des confidences glanées en coulisses, ce documentaire raconte plus qu’une campagne électorale : il dresse le portrait sans concession d’un moment de rupture politique majeur dans l’histoire de la Ve République.
La guerre des anciens amis : entre ambition et duplicité
Ce que révèle ce film, c’est la brutalité d’un combat qui n’aurait jamais dû avoir lieu. Jacques Chirac, fidèle à une stratégie de long terme, pensait avoir préparé le terrain en plaçant son ami Édouard Balladur à Matignon après la victoire de la droite aux législatives de 1993. Mais deux ans plus tard, c’est cet homme-là, celui qu’il appelait « mon ami de trente ans », qui se présente contre lui. La rupture est violente, personnelle. Chirac accuse le coup, mais refuse de renoncer. La campagne devient un champ de mines où chacun cherche à discréditer l’autre. Les « chiraquiens » et les « balladuriens » s’écharpent, les rumeurs d’affaires financières surgissent, les réseaux de communication s’activent. Derrière les sourires crispés des débats télévisés se cache une guerre d’egos et de clans, menée avec une rare intensité. Le documentaire de Jean-Charles Deniau dissèque cette fracture, en mettant en lumière les petites phrases assassines, les trahisons successives et les retournements d’alliances qui ont émaillé cette course à l’Élysée.
Quand la politique vire à la tragédie shakespearienne
Balladur – Chirac, mensonges et trahisons se regarde comme une comédie noire du pouvoir. Avec ses airs de pièce shakespearienne, où les ambitions personnelles surpassent les loyautés, la campagne de 1995 reste un cas d’école de ce que la politique peut produire de plus cynique. Le documentaire interroge aussi la mémoire collective : pourquoi cette campagne nous fascine-t-elle encore aujourd’hui ? Peut-être parce qu’elle fut l’un des derniers grands feuilletons politiques à l’ancienne, sans réseaux sociaux, mais avec une dramaturgie quotidienne qui passionnait la presse et les Français. En filigrane, le film pointe aussi ce qu’a coûté cette guerre fratricide à la droite française. L’unité éclatée, les rancœurs jamais totalement digérées, les carrières brisées… Ce soir, à travers témoignages savoureux et images d’époque, LCP offre une plongée dans une bataille d’hommes, mais aussi dans une époque révolue, où l’art de la politique n’était pas encore dilué dans l’instantanéité numérique. À suivre, un débat présenté par Jean-Pierre Gratien avec François Baroin, Nicolas Domenach et Béatrice Houchard, pour éclairer cette page brûlante de notre histoire politique.