Ce jeudi à 22h45, France 3 Pays de la Loire diffuse Le Cyrano des champs, un documentaire profondément humain qui nous emmène loin des tapis rouges pour raconter une aventure collective singulière : celle d’un petit cinéma perché sur une colline picarde, sauvé de l’oubli par une poignée de passionnés. À quelques heures de l’ouverture du Festival de Cannes, la chaîne régionale propose une soirée spéciale cinéma avec ce film qui donne une résonance toute particulière à la question de la culture dans les territoires ruraux. Le documentaire est aussi disponible à tout moment sur la plateforme france.tv, pour celles et ceux qui ne veulent rien rater de cette ode aux bénévoles et à la vie locale.
Un cinéma sur la colline, dernier bastion culturel d’un village oublié
À Crécy-en-Ponthieu, petite commune de 1 400 habitants nichée dans les vallons de la Picardie, le Cyrano n’est pas seulement un cinéma : c’est un refuge, un phare et un symbole. Le bâtiment en lui-même, modeste, presque discret, semble défier le temps et l’oubli. Mais c’est surtout l’énergie d’une vingtaine de bénévoles qui lui donne vie, semaine après semaine. Sans eux, la salle serait restée vide, condamnée au silence. Dans Le Cyrano des champs, le spectateur est invité à découvrir l’intimité d’un lieu où l’on projette bien plus que des films : on y partage des souvenirs, des débats, des émotions, dans une ambiance chaleureuse et intergénérationnelle. Le documentaire capte l’authenticité de ces instants suspendus, entre préparation des séances, discussions animées sur les choix de programmation et gestes simples mais essentiels qui font tourner la machine.
Une résistance douce et tenace contre la désertification culturelle
Alors que les petites salles ferment les unes après les autres, fragilisées par la montée du streaming, les multiplexes et la baisse de fréquentation, le Cyrano s’accroche. Pas par nostalgie, mais par conviction. Le documentaire souligne avec justesse le paradoxe d’une époque où la culture n’a jamais été aussi accessible… et aussi absente de certains territoires. Pour les bénévoles du Cyrano, maintenir ce lieu en vie est une forme de résistance. Ils ne sont ni exploitants ni professionnels du 7e art, mais leur engagement est total, presque viscéral. C’est leur manière de refuser la disparition de ce qui crée du lien dans une commune. En les suivant au quotidien, le film trace le portrait d’une communauté soudée par la passion, mais aussi par une conscience aiguë de ce que le cinéma représente : un miroir du monde et un outil d’émancipation.
Une chronique lumineuse, drôle et profondément émouvante
Le Cyrano des champs n’a rien d’un documentaire plombant. C’est tout le contraire : son ton est léger, tendre, souvent drôle, toujours sincère. Le film évite les discours plombés ou les plaidoyers didactiques pour laisser place à la parole simple des habitants et bénévoles. C’est cette sincérité qui le rend bouleversant. On rit, on s’émeut, on se reconnaît dans ces personnages qui, malgré les galères techniques, les budgets serrés et les fauteuils usés, continuent d’y croire. Le réalisateur adopte une approche à hauteur d’homme, qui capte les regards complices, les éclats de rire, les instants de doute, et les moments de grâce qui naissent parfois dans l’obscurité d’une salle obscure. Un choix de mise en scène qui fait de ce film un objet précieux, bien au-delà du simple portrait régional.