À 21h, la chaîne LCP propose une séance de Rembob’INA pas comme les autres, en rediffusant les deux premiers épisodes d’une série télévisée française rare et oubliée : La brigade des maléfices. Produite en 1971, cette mini-série en six volets mélange enquête policière et surnaturel avec un charme vintage irrésistible. Portée par des figures iconiques comme Anny Duperey, Pierre Brasseur et surtout Léo Campion dans un rôle hautement singulier, la série propose un ton décalé, parfois burlesque, où les mystères les plus étranges sont pris en charge par une brigade de police spécialisée dans l’étrange. Derrière ce projet insolite, on retrouve Claude Guillemot et Claude-Jean Philippe, qui signent une œuvre à la frontière du rationnel et de l’ésotérique. Cette rediffusion s’inscrit parfaitement dans la vocation de Rembob’INA : faire revivre des pépites télévisuelles méconnues ou injustement reléguées au second plan de l’histoire de la télévision française.

Une série policière où les fées mènent la danse

Le premier épisode, Les disparus de Rambouillet, nous plonge dans une enquête aussi farfelue qu’intrigante. Des hommes disparaissent mystérieusement aux abords de la mare aux Fées, un lieu déjà enveloppé de légendes dans la forêt de Rambouillet. Un braconnier local, habitué des lieux et visiblement très sensible au folklore, soutient mordicus que les responsables ne sont autres que de véritables fées. L’inspecteur Muselier, cartésien jusqu’à l’obsession, se moque de ces divagations, mais la découverte d’une étrange silhouette féminine sur une photographie prise près de la mare commence à semer le doute. C’est là que le chef de la Brigade, Guillaume-Martin Paumier, entre en scène. Ce personnage fantasque, expert en phénomènes paranormaux, mène ses investigations comme un chasseur de spectres tout droit sorti d’un roman gothique. L’épisode navigue entre humour pince-sans-rire, décors bucoliques et frissons légers, dans une atmosphère aussi mystérieuse que délicieusement datée.

Quand la télévision devient le théâtre du crime

Le deuxième épisode, La Septième chaîne, pousse encore plus loin le mélange entre absurde et inquiétant. Un homme tue sa femme, persuadé qu’elle entretient une liaison avec un personnage de feuilleton télévisé. Muselier, fidèle à sa logique rationaliste, évoque un crime passionnel causé par un déséquilibre psychique. Mais Paumier n’est pas de cet avis : ce n’est pas la première fois qu’un meurtre étrange est relié à la mystérieuse Septième chaîne. En s’aventurant sur ce terrain, l’épisode devient une mise en abîme grinçante sur le pouvoir hypnotique de la télévision, bien avant l’ère du binge-watching. Le scénario ose des détours méta et interroge, avec un humour noir, la manière dont les écrans peuvent influencer les comportements humains. La réalisation, tout en étant sobre, donne une ambiance feutrée et étrange à l’intrigue, tandis que le jeu d’acteurs oscille habilement entre le théâtre classique et la fantaisie burlesque.

Un Sherlock Holmes de l’étrange dans une France en noir et blanc

L’un des éléments les plus séduisants de La brigade des maléfices reste son héros improbable, l’inspecteur Paumier. Avec ses allures de vieux savant excentrique, ses lunettes rondes, son verbe fleuri et son érudition en démonologie, il apporte une vraie originalité au genre policier télévisé. Là où Muselier campe la figure du policier rationnel typique, Paumier incarne l’intuition, l’ésotérisme et l’ouverture aux forces invisibles. La série s’amuse à confronter ces deux approches du réel dans des enquêtes où les pistes rationnelles s’effondrent peu à peu face à l’étrange. Le ton volontairement second degré, les effets spéciaux artisanaux et les dialogues aux tournures surannées ajoutent une couche de charme désuet. En rediffusant cette série, LCP et l’INA nous rappellent que la télévision française a osé, dès les années 70, s’aventurer sur des territoires inhabituels, mêlant mystère, folklore et humour avec une liberté créative presque surréaliste aujourd’hui.

Ce qu'il faut retenir

La rediffusion des deux premiers épisodes de La brigade des maléfices dans le cadre de Rembob’INA ce soir à 21h sur LCP est l’occasion rêvée de redécouvrir un OVNI télévisuel aussi audacieux que méconnu. À la fois série policière et incursion dans le fantastique, l’œuvre repose sur une mise en scène théâtrale, des dialogues ciselés et un duo de policiers que tout oppose. Léo Campion y campe un détective de l’étrange irrésistible, explorant les coins les plus sombres de l’irrationnel avec panache. Un rendez-vous rétro pour les amateurs de bizarreries télévisuelles, de contes modernes et d’humour noir à la française.

La brigade des maléfices

Les disparus de Rambouillet [E.01] / La septième chaîne [E.02]

Série de Claude Guillemot et Claude-Jean Philippe (1971).

Avec : Anne Duperey, Pierre Brasseur…

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Dimanche 4 mai

21H