Les routes du Nouveau-Mexique sont longues, droites, brûlantes. Dans Duster, nouvelle série disponible sur la plateforme Max, c’est justement sur l’asphalte que tout commence — et se dérègle. Il y a un chauffeur, un type du coin (Josh Holloway, intense, charismatique), qui roule pour une organisation criminelle en pleine montée en puissance. Et puis il y a une femme, l’agente du FBI Nina (Rachel Hilson, bluffante de présence), qui débarque dans cette bourgade poussiéreuse avec une mission claire : démanteler le réseau, à n’importe quel prix. L’Amérique des années 70 sert ici de décor mais aussi de personnage, tant elle transpire dans chaque plan. Plus qu’un simple thriller, Duster renoue avec une narration à l’ancienne, là où l’action s’écrit avec des regards, des silences, et parfois des explosions. Cette série joue sur une corde sensible : celle de la nostalgie des bons vieux duels entre bien et mal.
Une série de genre, assumée jusqu’au bout des santiags
Dans Duster, on ne cherche pas à révolutionner les codes, mais plutôt à les honorer. C’est une série où l’on sent que chaque plan a été pensé comme une déclaration d’amour aux polars d’antan. Le visuel granuleux, les décors patinés, les costumes à cols larges, les bolides musclés : tout concourt à nous replonger dans une époque où la justice ne se rendait pas forcément dans les tribunaux. Ce qui frappe, c’est cette volonté de garder les choses simples, directes, presque brutes.
Une réalisation au service de l’ambiance, pas du spectacle
La force de Duster, c’est sa mise en scène. Pas tape-à-l’œil, mais travaillée, presque sensuelle. Les showrunners (dont J.J. Abrams à la production, discrètement) choisissent de raconter l’histoire par petites touches : pas de scènes d’exposition interminables, pas de sur-explication. On comprend les enjeux par les regards, les silences, les gestes. Le rythme, volontairement lent par moments, peut désarçonner les amateurs de binge-watch effréné. Mais cette lenteur est un choix narratif, presque politique : Duster prend le temps d’installer ses personnages, de faire monter la pression, de laisser le spectateur respirer — avant de lui asséner un coup de crosse dans le ventre. La bande-son, oscillant entre soul vintage et rock sudiste, accentue l’immersion dans cet univers où tout semble poisseux, menaçant, mais envoûtant.
Un récit classique, mais pas ringard : un retour aux sources salvateur
On pourrait croire que Duster joue la carte du déjà-vu. Un gentil, un méchant, un décor poussiéreux… et pourtant, la série parvient à insuffler un second souffle à ce genre codifié. D’abord par le regard féminin de son héroïne, afro-américaine dans une Amérique blanche et machiste. Ensuite par son propos en creux sur le pouvoir, les marges, et les compromis moraux. Ce n’est pas une série qui cherche à délivrer un message : elle préfère poser des questions. Jusqu’où peut-on aller pour faire le bien ? Est-on condamné par ses origines ? Que vaut la loyauté quand la loi est gangrenée ? Si elle ne révolutionne rien, Duster offre une alternative bienvenue aux productions actuelles : pas de super-héros, pas de réalités parallèles, juste une bonne vieille histoire de flics et de bandits racontée avec style. Et c’est peut-être ça, sa plus grande force.
En résumé
Duster est une série néo-rétro qui séduit par sa maîtrise formelle et son atmosphère singulière. Loin des formats ultra-modernes des plateformes, elle renoue avec une écriture classique, portée par un duo d’acteurs solides et une esthétique soignée. Entre action, tension et mélancolie, elle offre un plaisir presque coupable, comme retrouver un vieux polar au fond d’une vidéothèque. Ni parodique, ni passéiste, Duster assume son héritage et le dépoussière avec talent. On la regarde pour son ambiance, on y reste pour ses personnages.