À 21h05, France 3 propose le film Annie Colère, porté par une Laure Calamy plus intense que jamais. Ce long-métrage poignant signé Blandine Lenoir plonge les téléspectateurs en 1974, à un tournant de l’histoire des droits des femmes en France. Avec une distribution féminine forte, où l’on retrouve Zita Hanrot, India Hair, Rosemary Standley ou encore Florence Muller, ce film retrace la trajectoire d’une ouvrière confrontée à une grossesse non désirée et qui, à travers son engagement militant, découvre une nouvelle forme de liberté.

Une fresque historique au cœur de l’intime

Annie Colère ne raconte pas seulement l’histoire d’une femme confrontée à l’avortement, il nous immerge dans un moment charnière de l’histoire française. Annie, ouvrière et mère de deux enfants, découvre qu’elle est enceinte accidentellement. C’est alors que sa route croise celle du MLAC, le Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception. Ce collectif féministe né dans les années 1970 a pratiqué des milliers d’avortements de manière illégale mais encadrée, en assumant publiquement leur engagement pour faire évoluer la loi. Ce que le film met en lumière, ce n’est pas tant le geste politique que l’élan collectif, la solidarité, le courage quotidien de femmes anonymes qui, au mépris du danger, ont mis leur corps et leur savoir au service d’autrui. En filmant ce moment de bascule avec une grande pudeur et une vraie justesse de ton, la réalisatrice redonne voix à une parole souvent oubliée : celle des femmes du peuple, des invisibles de l’histoire officielle.

Laure Calamy, une performance sobre et habitée

C’est sans pathos mais avec une force tranquille que Laure Calamy incarne Annie. On la sent d’abord hésitante, étrangère à ce monde du militantisme, puis peu à peu gagnée par une forme de conscience politique et personnelle. Son évolution est subtile, incarnée dans les silences, les regards, les gestes du quotidien. À ses côtés, Zita Hanrot est lumineuse en médecin du MLAC, India Hair émouvante en militante combative, et Rosemary Standley apporte une douceur inquiète à son personnage. Les hommes, interprétés notamment par Yannick Choirat, Damien Chapelle et Cédric Appietto, ne sont pas relégués au second plan : ils existent, mais ce sont les femmes qui, ici, tiennent la caméra et l’espace du récit. On sent tout au long du film une volonté de filmer les corps sans les fétichiser, de rendre justice aux douleurs comme aux joies, à la rage comme à la tendresse. Cette justesse d’interprétation donne au film une intensité émotionnelle rare, sans jamais sombrer dans le didactisme ou le mélo.

Ce qu'il faut retenir

Annie Colère est un film puissant et profondément humain qui raconte le combat d’une femme ordinaire plongée dans un contexte politique exceptionnel. À travers le regard d’Annie, incarnée avec finesse par Laure Calamy, c’est tout un pan de l’histoire féministe qui se dévoile à l’écran. Ce film rappelle l’importance de la solidarité, du partage des savoirs, et de la capacité des femmes à s’organiser pour prendre leur destin en main. À l’heure où le droit à l’avortement est encore menacé dans le monde, ce récit fait œuvre de mémoire et de vigilance. C’est un moment de télévision rare, utile, à ne pas manquer.