Mardi à 21h05 sur TV5MONDE FBSM, la fiction Un homme parfait plonge les téléspectateurs dans l’intimité toxique d’un foyer en apparence irréprochable. Maxime (interprété par Loïc Corbery), brillant cadre, mari dévoué et père attentif, incarne l’idéal social par excellence. À ses côtés, Daphné (campée par Odile Vuillemin), épouse admirative et mère aimante, évolue dans une bulle de bonheur apparent. Leur vie semble tracée : deux filles, une maison confortable, des carrières réussies. Pourtant, cette façade éclatante dissimule un abîme de souffrance, d’abus et de silence. Lorsque leur fille aînée, Claire (interprétée avec une justesse bouleversante par Lilas-Rose Gilberti-Poisot), brise enfin le tabou en accusant son père d’inceste, le vernis s’effondre. Mais l’instinct maternel de Daphné est alors confronté à une douleur déchirante : croire son enfant, c’est trahir l’homme qu’elle aime.
Le combat d’une mère face à l’omerta judiciaire
Daphné hésite. Elle doute. Elle ne veut pas y croire. Comment accepter que celui avec qui elle partage sa vie, celui qu’elle admire et dont elle porte l’enfant, puisse être coupable d’un crime aussi abject ? Pourtant, les mots de Claire s’imposent, répétés avec désespoir, avec peur. Et les signes sont là. Daphné s’effondre, mais se relève. Elle veut protéger ses filles. Elle alerte. Mais face à elle, c’est un mur. Maxime est un homme trop bien sous tous rapports pour être inquiété. Avec un sang-froid glaçant, il retourne les soupçons contre sa femme, jouant des failles du système, manipulant la police, la justice, les proches. L’inversion des rôles est d’une violence rare : c’est désormais Daphné que l’on accuse. De mensonge. De manipulation. D’aliénation parentale. La fiction, portée par une réalisation sobre et un casting d’une grande justesse, explore avec une intensité émotionnelle foudroyante le cauchemar d’une mère à qui l’on refuse de croire que ses enfants sont en danger.
Quand la fiction cogne là où ça fait mal
Un homme parfait ne cherche pas à ménager son spectateur. Il dérange, secoue, bouleverse. Il ne s’agit pas ici d’un simple drame familial, mais d’une immersion dans un déni collectif qui, bien souvent, protège les bourreaux au nom des apparences. Odile Vuillemin, dont le visage oscille entre fragilité et détermination, offre une performance déchirante. Loïc Corbery, en prédateur masqué, glace le sang par la banalité même de son comportement. Car c’est là tout le propos de ce téléfilm : les monstres ne ressemblent pas à des monstres. Ils sont bien habillés, cultivés, attentionnés, et parfois… ils rient avec leurs enfants. Un homme parfait interroge aussi nos réflexes sociaux, notre difficulté à entendre, à croire, à agir. Le scénario, inspiré de faits réels, oblige à poser la question essentielle : jusqu’où faut-il aller pour protéger ses enfants, quand la société elle-même se fait complice du silence ?