Ce soir à 21h sur Public Sénat, un documentaire inédit remet les pendules à l’heure. Dans L’émancipation des femmes : une histoire d’argent, le combat pour l’indépendance des femmes se dévoile sous un prisme rarement exploré à la télévision : celui de l’économie. À travers une relecture féministe des rapports financiers entre les sexes, ce film documentaire lève le voile sur une réalité occultée trop longtemps, où le pouvoir de l’argent a servi, des siècles durant, à maintenir les femmes sous tutelle, à les faire taire, à les soumettre. Suivi d’un débat présenté par Rebecca Fitoussi dans Un monde en doc, ce rendez-vous promet un éclairage sans filtre sur la face cachée de l’histoire des femmes.
L’argent, nerf de la guerre et outil d’asservissement
À rebours des récits historiques traditionnels centrés sur les batailles, les rois ou les constitutions, ce documentaire prend le parti de montrer que l’émancipation des femmes ne s’est jamais faite sans une réappropriation de leur autonomie financière. Car si le droit de vote, l’accès à l’éducation ou la liberté sexuelle ont fait l’objet de conquêtes visibles, le droit de disposer de son propre argent, de travailler sans autorisation, de gérer un compte bancaire ou de créer son entreprise a souvent été éclipsé, comme s’il s’agissait d’un détail. Et pourtant, l’argent est bien le fil rouge de toutes les inégalités. Le film remonte le fil de cette histoire silencieuse, de l’époque où les femmes mariées étaient considérées comme mineures juridiques, jusqu’aux avancées législatives du XXe siècle, parfois obtenues au prix de luttes acharnées, où l’économie est apparue comme un champ de bataille aussi stratégique que le droit ou la morale.
Des héroïnes effacées, des combats oubliés
Au fil du récit, le film redonne vie à des figures féminines majeures, souvent absentes des manuels scolaires, mais aussi à des anonymes, ouvrières, militantes, intellectuelles, qui ont contribué à faire basculer les lignes. Certaines ont défié les lois patriarcales pour créer des coopératives féminines, d’autres ont investi les bancs des universités pour revendiquer un savoir économique longtemps réservé aux hommes. Et il y a celles, innombrables, qui ont tenu bon au quotidien, en solo, avec des moyens dérisoires, mais avec une détermination farouche. Si quelques alliés masculins se sont parfois glissés dans la lutte, ce sont bien les femmes qui, en solidarité les unes avec les autres, ont mené ce combat contre une domination systémique – dont l’argent n’était pas seulement un outil mais souvent l’arme maîtresse. L’émancipation est ici racontée non pas comme une suite d’avancées abstraites, mais comme un champ de tension permanent entre le pouvoir de décider et le pouvoir de subvenir à ses besoins.
Le tabou persistant des violences économiques
Au-delà du récit historique, L’émancipation des femmes : une histoire d’argent pose une question brûlante d’actualité : pourquoi ce sujet reste-t-il encore si tabou ? Si la société a intégré certaines notions comme le harcèlement ou les inégalités salariales, elle continue à ignorer ou minimiser les violences économiques. Refuser à une femme l’accès à un compte bancaire, l’empêcher de travailler, lui imposer une dépendance matérielle ou la priver de revenus dans le cadre conjugal ne sont pas des pratiques d’un autre temps : elles existent encore, souvent en silence, dans tous les milieux sociaux. Le documentaire rappelle ainsi que l’émancipation ne se mesure pas seulement en droits civils ou en libertés individuelles, mais en possibilités concrètes d’exister pleinement, sans être entravée financièrement. En filigrane, une vérité se dessine : sans argent, pas d’indépendance. Et sans indépendance, pas de liberté véritable.