Ce soir à 21h10, France 2 dévoile La manière forte, un téléfilm inédit tourné à Angoulême, qui réunit un duo aussi explosif qu’improbable : un ancien flic à l’ancienne et une capitaine progressiste. Sur fond d’enquête criminelle trouble, cette fiction policière mise sur les tensions idéologiques et les rapports de force entre générations. Grégoire Bonnet et Clarisse Lhoni-Botte y incarnent deux visions du monde que tout oppose, mais que l’affaire d’un possible coupable innocent va forcer à collaborer. Ça promet des étincelles.
Un retour à la dure pour un flic à la réputation sulfureuse
Thierry Chevalier n’est pas un tendre. Policier à la retraite depuis un an, il traîne derrière lui une réputation de cow-boy de la République, dont les méthodes ont toujours flirté avec les limites — voire allègrement franchi la ligne. Quand une série de meurtres dans la région d’Angoulême vient troubler la tranquillité locale, l’affaire semble porter la signature de Gabriel Laporte, un serial killer pourtant incarcéré grâce à Chevalier… après des aveux arrachés dans des conditions plus que douteuses. Pour la justice, l’enquête est bouclée depuis longtemps. Mais pour certains, dont le nouveau substitut Albertini (incarné par Cyril Descours), les soupçons sur la validité des aveux refont surface. Face à cette remise en question de son plus “grand coup”, Chevalier n’a pas le choix : il reprend du service, bien décidé à prouver qu’il avait raison — ou à se racheter, si ce n’est pas le cas.
Choc des idéaux, guerre des egos : le duo qui ne s’est pas choisi
La mécanique du buddy movie à la française est bien huilée : deux personnages que tout oppose, forcés de collaborer malgré eux. Mais dans La manière forte, le contraste vire au conflit de civilisation. Wendy Kabongo, jeune capitaine de police montée en grade à la force du poignet, n’a que faire des anciens dinosaures machos du métier. Elle est écolo, féministe, vegan, engagée et, selon Chevalier, “woke jusqu’à l’os”. Lui, en bon réac, n’a pas renoncé à ses blagues de vestiaire, à ses réflexes virils, ni à ses bons steaks saignants. Forcés de faire équipe, ils s’observent, se jaugent, se méprisent… jusqu’à comprendre qu’ils devront composer pour avancer. Dans la pure tradition des duos antagonistes, la série joue sur le comique de situation autant que sur le choc idéologique. Et derrière la confrontation des personnages se dessine une critique plus large d’une police française écartelée entre passé brutal et avenir inclusif.
Un thriller à double tranchant entre polar et satire sociale
Derrière le vernis du polar classique, La manière forte se glisse dans les failles de l’institution policière, explorant la frontière entre autorité et abus, entre efficacité et légalité. En réintroduisant un personnage comme Chevalier — qui aurait eu sa place dans les années 80 mais qui, aujourd’hui, incarne presque une caricature —, le téléfilm ose poser la question du prix de la vérité. Car si Laporte est réellement innocent, cela signifie que Chevalier a brisé une vie pour rien. Le jeu devient alors vertigineux : peut-on réparer une erreur judiciaire quand on en est soi-même à l’origine ? Et surtout, peut-on encore être utile quand on est devenu l’incarnation d’un système dépassé ? Avec en toile de fond une France fracturée sur les questions d’autorité, de genre et de morale, La manière forte semble bien décidé à titiller les consciences tout en tenant le spectateur en haleine.