Eurochannel propose une double dose d’intensité cinématographique avec deux films captivants qui explorent les recoins sombres de l’esprit humain. Dans « Sugar Baby », la réalité virtuelle devient le refuge d’une jeune femme confrontée à des difficultés financières, tandis que « Visions Mortelles » plonge les spectateurs dans un thriller psychologique où l’amnésie et les cauchemars dévoilent des secrets terrifiants. Ces deux longs-métrages, chacun à sa manière, défient les conventions et explorent les profondeurs complexes de l’expérience humaine, offrant une expérience cinématographique riche en émotions et en réflexions. Découvrons ensemble ces récits puissants qui explorent la frontière entre le réel et l’imaginaire, entre la santé mentale et la folie.

Samedi 27 janvier | 20H50

SUGAR BABY

Version originale | Sous-titré français
FILM DRAME (2018 / Italie)

Réalisé par Berardo Carboni.
Avec : Donatella Finocchiaro, Alessandro Haber, Matilda De Angelis…

Dans notre société moderne où la frontière entre le monde virtuel et le monde réel s’estompe de plus en plus, le réalisateur nous offre une histoire profonde et émouvante sur les choix désespérés d’une jeune femme aux prises avec des difficultés financières. « Sugar Baby », présenté par Eurochannel, est un film captivant qui dépeint avec subtilité la vie de Matilde, une jeune fille de dix-huit ans confrontée à des problèmes d’argent, des responsabilités familiales accablantes et des choix non conventionnels.

Le film réussit à harmoniser le néoréalisme et le drame, explorant à la fois le désespoir et l’espoir. Il brave les tabous sociaux en abordant un sujet aussi délicat, offrant au public une expérience fascinante. Matilde devient un symbole puissant des luttes auxquelles de nombreux jeunes adultes sont confrontés aujourd’hui. Elle doit faire face à une mère alcoolique et à la menace imminente de perdre leur maison, malgré l’obtention de son diplôme il y a six mois, sans succès dans la recherche d’emploi.

Le refuge de Matilde devient le monde virtuel du jeu de rôle en ligne, Landing, où son avatar lui permet de s’évader sporadiquement de la dure réalité de sa vie. Cependant, face à l’accumulation des problèmes financiers, Matilde se tourne vers des moyens peu conventionnels pour joindre les deux bouts, s’engageant dans des vidéos de strip-tease en ligne pour rembourser ses dettes.

Ernesto, un bourgeois prospère, mène une double vie, dirigeant une pharmacie le jour et s’adonnant à des plaisirs interdits avec de jeunes prostituées la nuit. Les spectateurs sont entraînés dans un monde parallèle de luxure et de soumission, où les problèmes de Matilde et les activités secrètes d’Ernesto les amènent à se croiser, déclenchant une série d’événements improbables et inattendus.

L’histoire prend une tournure dramatique lorsque Laura, la mère de Matilde, annonce la situation financière désastreuse de la famille. Déconnectée de la réalité et attachée à son avatar en ligne, Matilde propose une solution impliquant Ernesto pour sauver sa famille. Le récit explore en profondeur les choix désespérés auxquels certaines personnes font face dans des moments difficiles, brouillant les frontières entre le réel et le virtuel.

Au cœur du film se trouve la décision audacieuse et courageuse de Matilde de vendre sa virginité aux enchères comme ultime recours financier. Ernesto, attiré par le désir d’émotions intenses et la possession de la pureté, devient l’un des enchérisseurs. Cette trame narrative expose les complexités morales et l’ambiguïté qui surgissent face au désespoir.

Entretien avec Bernardo Carboni, réalisateur du film

Quand et comment l’idée du film vous est-elle venue ?

J’ai réalisé un film machinima dans Second Life, en construisant des décors et en réalisant des castings d’avatars. C’était censé être un story-board pour un film que je n’ai jamais fait. Grâce à cela, je me suis plongé dans le monde virtuel et la culture hacker. J’ai construit de solides relations virtuelles. Ce qui démontre que la profondeur émotionnelle est possible sans rencontrer physiquement les personnes.

Les relations virtuelles peuvent offrir une forme d’amour pur, qui va bien au-delà de l’apparence physique et de la superficialité, vous ne trouvez pas ?

Le paradoxe surréaliste est que l’image de l’avatar peut encore induire en erreur, puisque vous pouvez être attiré par la représentation de ce personnage, pas simplement par la personne qui se cache derrière cette image.

Mais est-ce que l’âge ou le genre feraient une différence ?

J’ai développé des sentiments pour un avatar qui ne parlait jamais, n’écrivait que des messages. Bien que je ne connaisse pas le son de sa voix, j’ai toujours été attiré par ce personnage silencieux.

Alors, comment tout a commencé ?

Je voulais décrire le contraste entre notre monde réel cynique et les possibilités virtuelles remplies d’espoir et raconter une histoire de passage à l’âge adulte, dans Sugar Baby. Le personnage principal Matilda est complètement immergé dans la commercialisation, mais découvre de nouvelles valeurs grâce au monde virtuel. Malgré des thèmes légers, ce film a un message moral sous-jacent et prend position, comme un conte moral. J’ai utilisé le logiciel open-source Blender pour créer les animations.

Comment avez-vous choisi Matilda et comment la décision a été prise ?

J’ai effectué un long processus de casting, bien que certains rôles aient été décidés en amont comme celui de Donatella Finocchiaro et Haber. J’ai d’abord vu Matilda De Angelis dans le teaser de Veloce come il vento et elle m’a plu. Même si son interprétation représentait un engagement important, j’ai pris ce risque et heureusement, Matilda s’est révélée être une actrice exceptionnelle et engagée.

Des projets futurs ?

Je travaille sur un film historique et une trilogie documentaire sur les valeurs fondamentales de l’Europe (Grundnorm). Le premier documentaire couvre le mouvement Occupy. Le second explore la solidarité comme une nouvelle Grundnorm. Le troisième décrira l’émergence de ce nouveau système de valeurs. De manière générale, la série s’intéresse au centre éthique de l’Europe alors que le système capitaliste actuel échoue.

Dimanche 28 janvier | 20H50

VISIONS MORTELLES

Version originale | Sous-titré français | (-10)
FILM HORREUR (2023 / Espagne)

Réalisé par Alfredo Contreras.
Avec : Mercè Llorens, Fede Alonso, Fernando Esteso

Au sein des recoins les plus obscurs et perturbés de l’esprit, là où la réalité se distord et où les cauchemars prennent forme, une patiente amnésique découvre, à son réveil, un diagnostic terrifiant. Commence alors une lutte implacable entre son esprit et les secrets les plus sombres qui l’habitent… Eurochannel présente Visions mortelles.

Dans le domaine du cinéma d’horreur psychologique, Visions mortelles se démarque brillamment. Ce long-métrage captivant et énigmatique explore l’esprit humain de manière exceptionnelle. Inspiré d’un cas réel unique de la psychiatrie espagnole des années 1960, ce thriller horrifique nous plonge dans le labyrinthe tortueux des perceptions et des hallucinations qui hantent le personnage principal, Elena.

Elena, confrontée à l’amnésie et à la schizophrénie paranoïaque, se réveille dans une chambre d’hôpital psychiatrique, ignorant tout de son passé. Elle entreprend un voyage déchirant pour démêler la réalité des fantômes qui tourmentent les profondeurs de sa conscience.

Le prologue du film s’inspire d’un cas réel de la psychiatrie espagnole, ajoutant une note troublante d’authenticité au scénario. Les visions étranges et les luttes d’Elena avec la maladie mentale résonnent avec les expériences effrayantes vécues par d’autres patients confrontés par le passé à des afflictions similaires.

Porté par la profondeur nuancée du personnage d’Elena et la performance talentueuse de l’actrice qui l’incarne, le public est immergé dans une atmosphère claustrophobe d’un hôpital psychiatrique privé. L’esprit devient le champ de bataille, et tandis qu’Elena lutte pour préserver sa santé mentale, la frontière entre ses pires cauchemars et la vérité s’efface de plus en plus.

L’intrigue gagne en intensité lorsque Elena découvre qu’elle est l’héritière des biens de son père, propriétaire de l’hôpital. Cependant, la disparition mystérieuse de ce dernier soulève des questions sur son sort et les intentions réelles de son entourage. Est-elle véritablement atteinte d’une maladie mentale, ou bien est-elle la victime dupée d’une conspiration visant à s’emparer de l’entreprise familiale ?

L’atmosphère claustrophobe, présente dès la première scène jusqu’à la conclusion du film, accentue la profondeur psychologique. Les spectateurs sont immédiatement plongés dans le monde intérieur de la protagoniste. L’atmosphère troublante et extrêmement réaliste intensifie le suspense, mettant en lumière la souffrance émotionnelle et psychologique d’Elena.

À mesure que l’intrigue se dévoile, Visions mortelles soulève des questions profondes sur la fragilité de l’esprit humain et la fine ligne qui sépare la réalité de l’illusion. Le film invite les spectateurs à confronter leurs propres perceptions, les mettant au défi de discerner la mince frontière entre la compréhension et la folie.