La nouvelle mini-série événement de Netflix, “Sirens”, débarque ce jeudi avec un trio d’actrices hypnotiques : Julianne Moore, Meghann Fahy et Milly Alcock. Au programme, une immersion troublante dans un huis clos insulaire où se mêlent luxe, emprise psychologique et tensions sociales. Une série sulfureuse et stylisée qui pose une question dérangeante : jusqu’où laisseriez-vous votre sœur se perdre dans les bras d’une femme aussi fascinante que toxique ?

Un triangle féminin fascinant : jeu de pouvoir et manipulation

Dès les premières minutes, Sirens installe un climat sensuel et ambigu, entre tensions familiales larvées et attirance perverse pour un univers de privilèges. Devon (Meghann Fahy), pragmatique et inquiète, débarque sur l’île privée de la richissime Michaela Kell (Julianne Moore), bien décidée à “sauver” sa jeune sœur Simone (Milly Alcock), devenue l’ombre d’elle-même depuis qu’elle fréquente cette femme aussi élégante qu’inquiétante. Mais ce qui devait être une intervention familiale tourne vite à l’affrontement psychologique. Le récit distille lentement les dynamiques de pouvoir entre les trois femmes, où chaque geste, chaque mot, chaque silence semble faire partie d’un plan plus vaste.

Julianne Moore est impériale en grande prêtresse d’un monde où tout est luxe, calme et domination. Elle incarne une Michaela Kell tout en contrôle, sorte de sirène contemporaine qui attire ses victimes dans ses filets de soie et de champagne millésimé. Milly Alcock, révélée dans House of the Dragon, trouve ici un rôle de jeune femme perdue, oscillant entre rébellion adolescente et désir d’appartenance. Quant à Meghann Fahy (The White Lotus saison 2 (Italie)), elle campe avec intensité une sœur lucide mais dépassée, prête à tout pour extirper Simone de cette emprise. Ce trio féminin incandescent est le cœur battant — et brûlant — de la série.

Un décor somptueux, un piège doré

Toute l’intrigue se déroule sur un seul week-end, dans le huis clos feutré d’un domaine isolé appartenant à Michaela Kell. C’est là que la série trouve sa force : dans cet écrin paradisiaque transformé en théâtre d’un affrontement sourd et cruel. Entre la villa au design léché, les dîners opulents, les promenades au bord de la mer et les conversations au coin du feu, Sirens distille un malaise profond sous les apparences d’un rêve éveillé. La mise en scène, précise et stylisée, joue avec les contrastes entre beauté extérieure et violence intérieure.

Genre, classe et emprise : une satire moderne et venimeuse

Plus qu’un simple thriller psychologique, Sirens est une critique sociale habile, nourrie d’humour noir et d’un sens aigu de la satire. Michaela Kell incarne à elle seule le fantasme d’un certain féminisme d’élite, qui se veut libérateur mais s’exerce avec brutalité sur les autres femmes, plus jeunes, plus vulnérables, moins riches. La série interroge notre fascination collective pour les figures charismatiques, ces mentors féminines qui prennent sous leur aile pour mieux dominer. Derrière le glamour et les dialogues ciselés, Sirens pointe une réalité glaçante : l’émancipation, quand elle est dictée par le haut, peut vite devenir une autre forme d’oppression.

Une mini-série courte, intense et marquante

En seulement cinq épisodes, Sirens réussit à construire une montée en tension redoutablement efficace, sans jamais tomber dans les facilités du thriller psychologique traditionnel. La série prend son temps, mise sur les regards, les non-dits, les jeux de pouvoir feutrés. Et quand l’explosion émotionnelle arrive, elle n’en est que plus brutale. On sort de Sirens comme d’un rêve étrange : charmé, secoué, un peu coupable aussi d’avoir autant apprécié ce voyage dans l’ambiguïté.

Ce qu'il faut retenir

Sirens n’est pas une série comme les autres. Portée par trois actrices d’une intensité rare et une mise en scène élégante, elle mêle drame familial, thriller psychologique et critique sociale avec un sens du rythme et du style remarquable. Dans le décor luxueux d’une île coupée du monde, cette mini-série de cinq épisodes explore les dynamiques de pouvoir féminin avec finesse et cruauté, en nous plongeant dans une atmosphère aussi belle qu’asphyxiante. Une réussite formelle et narrative qui marquera les amateurs de récits intelligents et dérangeants.

Sirens

Sirens

Série drame de Nicole Kassell (2025)

Avec : Julianne Moore (Michaela Kell), Meghann Fahy (Devon DeWitt), Milly Alcock (Simone DeWitt)…

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Disponible dès le

Jeudi 22 mai