Ce lundi soir à 21h sur France 5, Hugo Clément revient avec un nouveau numéro percutant de « Sur le front », intitulé « Que fait-on de tout ce maïs ? ». Loin des idées reçues, ce documentaire s’annonce comme une plongée saisissante dans les coulisses d’une culture omniprésente dans les paysages français, mais dont les usages réels restent largement méconnus du grand public. Alors que la France consacre des millions d’hectares à cette plante, très peu de maïs finit dans nos assiettes. Où va-t-il alors ? Quel est le coût environnemental de cette production intensive ? Hugo Clément remonte les filières et les canalisations d’irrigation pour tenter d’apporter des réponses. Et celles-ci pourraient bien bousculer certaines certitudes.

Le maïs ne nourrit pas les Français… mais nos voitures et nos tuyaux de gaz

Le documentaire révèle une facette peu connue de l’industrie du maïs en France : loin de servir majoritairement à l’alimentation humaine ou même à l’élevage, une part significative de cette céréale est dirigée vers la production d’énergie. En suivant les remorques remplies de maïs, les journalistes n’ont pas découvert des fermes, mais des sites industriels où le maïs est transformé en gaz de ville grâce à sa forte capacité méthanogène. Ce gaz alimente ainsi le réseau domestique, sans que les consommateurs en aient vraiment conscience. Plus étonnant encore : le maïs est aussi utilisé pour produire des biocarburants, que l’on retrouve dans les réservoirs de nos voitures sous forme d’éthanol, mélangé au sans-plomb. Cette orientation vers l’énergie plutôt que l’alimentation soulève de nombreuses questions éthiques et écologiques, notamment sur l’utilisation massive de terres arables et d’eau pour des usages indirects et parfois opaques.

Irrigation massive, nappes asséchées et une biodiversité en péril

Parmi les séquences marquantes de ce « Sur le front », figure une enquête de terrain autour des systèmes d’irrigation. Les journalistes ont remonté les kilomètres de tuyaux partant des rampes d’arrosage automatiques que l’on aperçoit en bord de route jusqu’aux pompes, souvent installées directement dans des rivières. Ce pompage intervient parfois en pleine période de canicule, alors que certaines régions sont placées sous surveillance hydrique. L’émission met aussi en lumière les tensions croissantes entre agriculteurs et riverains, notamment dans le sud-ouest, où l’accès à l’eau devient un enjeu hautement conflictuel. Au-delà des conflits humains, la biodiversité en souffre : emblématique de cette crise silencieuse, le grand hamster d’Alsace — surnommé « la marmotte de Strasbourg » — voit son habitat détruit par la monoculture de maïs. Cet animal au pelage tricolore est désormais en danger critique d’extinction, incapable de survivre dans des champs sans couverture végétale après l’hiver.

Plastique dans les champs, maïs pour l’export : une agriculture à contre-courant ?

L’émission s’attarde également sur une pratique peu connue mais en pleine expansion : l’utilisation de bâches en plastique pour chauffer le sol avant les semis. Présentées comme biodégradables, ces bâches n’en laissent pas moins des résidus plastiques dans les sols, soulevant de sérieuses interrogations sur leur impact à long terme. Une technique employée pour cultiver du maïs dans des zones où les conditions climatiques ne s’y prêtent pas naturellement. En suivant les camions dans le sud-ouest de la France, l’équipe de « Sur le front » montre que cette production — arrosée et parfois sous bâche — ne reste même pas en France : elle prend la direction de ports industriels, pour être exportée vers des élevages intensifs à l’étranger. Un tiers du maïs grain français quitte ainsi le territoire chaque année. L’ironie est totale : alors que les conflits sur l’eau se multiplient, une partie de cette ressource précieuse alimente indirectement des fermes industrielles de l’autre côté de la planète.

Ce qu'il faut retenir

Ce nouveau numéro de « Sur le front » lève le voile sur les coulisses d’une filière que l’on pensait banale, mais dont les implications sont bien plus vastes qu’il n’y paraît. Derrière les champs de maïs qui jalonnent les routes françaises se cache une réalité industrielle et environnementale complexe : production de gaz et de carburant, irrigation controversée, exportation massive et atteinte à la biodiversité. L’émission d’Hugo Clément interroge frontalement nos modèles agricoles, énergétiques et économiques, et pose une question essentielle : peut-on encore se permettre de consacrer autant d’eau, de plastique et de terres à une culture qui nourrit si peu les Français ?

Sur le front

Que fait-on de tout ce maïs ?

Magazine de Andréa Orvain (2025).

Présentation : Hugo Clément.

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Lundi 16 juin

21H