Alors que l’Angleterre s’enfonce dans une crise économique sans précédent au début des années 1970, une bande de jeunes désœuvrés, sales, bruyants et affamés de liberté va faire trembler le Royaume-Uni sur ses bases. Ce lundi soir à 22h40 sur RTS1, la mini-série Pistol s’invite sur vos écrans pour retracer l’épopée incandescente des Sex Pistols, le groupe qui a mis le feu aux poudres du punk britannique. Produit par Danny Boyle, ce biopic libre et électrisant dresse le portrait d’une jeunesse prête à tout pour échapper à un avenir figé dans la misère. Une série qui dérange, qui fascine, et qui ne laisse jamais indifférent. La révolution punk peut-elle encore résonner aujourd’hui ?
Une jeunesse fracassée en quête de chaos
À travers le regard écorché de Steve Jones, Pistol revient sur les premières heures d’un groupe qui ne savait ni jouer ni chanter, mais qui portait en lui toute la rage d’une génération oubliée. Le jeune Steve, interprété avec intensité par Toby Wallace, traîne son mal-être entre petits larcins, errances sexuelles et rêves de gloire, dans un Londres gris et sans avenir. Ne sachant ni lire ni écrire, il décide pourtant de créer un groupe. Cinq jours pour apprendre la guitare, cinq nuits d’obsession, et l’aventure commence. Mais au-delà de la musique, c’est la quête d’existence qui anime Steve : comment se faire une place dans un monde qui vous nie ? Pistol ne raconte pas seulement la naissance d’un mythe musical, elle interroge l’acte même de créer comme un geste de survie.
Un manager machiavélique et des destins fracassés
C’est avec l’arrivée de Malcolm McLaren, interprété avec un cynisme magnétique, que les Sex Pistols prennent leur envol… ou sombrent dans la tourmente. Visionnaire ou manipulateur ? Le rôle du manager est ambigu, guidé autant par l’opportunisme que par un désir réel de subversion. Il voit dans Steve, Johnny Rotten et Sid Vicious des catalyseurs de chaos. La série n’épargne rien : les tensions internes, les trahisons, les chutes, mais aussi les moments de grâce qui rendent ce récit addictif. Pistol est un tourbillon, une explosion d’énergie brute où les dialogues claquent comme des slogans, et où chaque épisode porte la marque de Boyle : caméra nerveuse, bande-son enragée, montage audacieux. Le punk n’est pas un style, c’est une attitude. Et ici, elle est filmée à l’état pur.
Une série viscérale, provocante, indispensable
Ce n’est pas une série biographique classique. Pistol refuse l’hommage figé, le musée rock. Elle préfère la provocation, la saleté, le bruit et la fureur. Chaque plan suinte l’urgence, chaque personnage vacille entre destruction et illumination. Mention spéciale à Anson Boon, glaçant de précision dans le rôle de Johnny Rotten, et à Sydney Chandler, seule présence féminine forte, qui vient bousculer ce monde d’hommes. Disponible aussi sur RTS Play, la série peut se binge-watcher comme on avalerait un concert live sans casque ni filet. Loin de glorifier les Sex Pistols, elle les humanise, les démythifie, et au passage, elle renvoie le spectateur à ses propres colères. Car si l’Angleterre des années 70 était un champ de ruines, que dire de notre époque ?
Ce qu'il faut retenir

Pistol
Mini-série de Danny Boyle (2022).
Avec : Toby Wallace, Sydney Chandle, Christian Lees, Jacob Slater, Anson Boon…
