France 2 débute l’année 2025 avec Rivages, un thriller fantastique disponible dès maintenant sur france.tv et diffusé à partir du 6 janvier. Cette nouvelle série, réalisée par David Hourrègue, intrigue autant qu’elle désarçonne. Entre une intrigue maritime captivante et des éléments surnaturels parfois difficiles à croire, Rivages cherche à surprendre son public. Mais l’équilibre entre réalisme et fantastique ne convaincra pas tout le monde, et certains pourraient y voir une œuvre ambitieuse mais inégale.

Un drame initial saisissant, mais des mystères trop appuyés

Le point de départ de Rivages est poignant : la disparition inexpliquée du chalutier Rose Davies et de ses 14 marins frappe de plein fouet la ville portuaire de Fécamp. La série excelle dans la restitution de l’impact émotionnel de cette tragédie sur la communauté locale. Les tensions montent rapidement, notamment avec l’arrivée d’Abigail (incarnée par Fleur Geffrier), une océanographe mandatée pour mener l’enquête. Pourtant, dès les premiers épisodes, les phénomènes fantastiques – luminescences étranges, obstacles invisibles en pleine mer – peinent à s’intégrer naturellement à l’histoire. Ce mélange entre drame humain et surnaturel déstabilise et peut sembler forcé.

Des éléments fantastiques au détriment de la crédibilité

Si Rivages ambitionne d’explorer les mystères des profondeurs marines, elle prend parfois des libertés qui défient toute logique. La présence d’une créature inconnue, pivot de l’intrigue, aurait pu être captivante, mais elle est introduite de manière trop abrupte et manque de subtilité. De même, certaines réactions des personnages face à l’inexplicable frôlent l’invraisemblable. On passe rapidement d’une enquête rationnelle à des situations où la science cède totalement la place à des spéculations dignes de récits fantastiques. Ce basculement brutal pourrait perdre les spectateurs en quête de réalisme et limiter l’impact émotionnel des événements.

Un casting solide pour sauver les apparences

Heureusement, le talent des acteurs parvient à donner une certaine crédibilité à l’ensemble. Fleur Geffrier dans le rôle d’Abigail, une scientifique tiraillée entre son devoir et ses démons personnels, tandis que Guillaume Labbé et Thierry Godard apportent une intensité bienvenue dans des rôles familiaux complexes. Jean-Marc Barr et Olivia Côte complètent ce casting, mais leurs personnages souffrent parfois d’un manque de profondeur. Si les performances sont globalement solides, elles ne parviennent pas toujours à compenser un scénario qui semble parfois s’égarer dans ses ambitions fantastiques.

Une réalisation soignée, mais un ton inégal

La réalisation de David Hourrègue offre des moments visuellement saisissants, notamment dans les scènes en mer et les paysages côtiers de Fécamp. La photographie, particulièrement réussie, capte la beauté austère de l’océan et de ses mystères. Cependant, cette qualité technique ne suffit pas à masquer les failles du récit. L’intégration d’effets spéciaux, bien qu’impressionnante, est parfois trop démonstrative et accentue le caractère irréel des événements. Le ton oscille constamment entre le réalisme d’un drame humain et l’exagération du fantastique, ce qui pourrait dérouter les spectateurs.

Une réflexion sur l’écologie noyée dans le surnaturel

Sous ses allures de thriller fantastique, Rivages cherche à aborder des thèmes profonds, comme la préservation de l’environnement et la relation de l’homme avec la nature. Ces intentions louables sont malheureusement diluées par des éléments fantastiques parfois trop envahissants. La créature sous-marine, censée incarner ce dilemme écologique, manque de subtilité dans sa représentation. Cette volonté d’en faire une allégorie écologique tombe parfois à plat, donnant lieu à des scènes qui frisent la caricature.

Un potentiel certain, mais une exécution imparfaite

Rivages parvient à capter l’attention grâce à une intrigue originale et une atmosphère immersive, mais son ambition de mêler drame réaliste et fantastique ne convainc pas toujours. Les amateurs de récits surnaturels apprécieront sans doute cette audace, mais ceux qui recherchent une cohérence narrative risquent de rester sur leur faim. Entre moments de grâce et passages maladroits, la série laisse une impression mitigée, comme si elle hésitait entre deux genres sans réussir à les réconcilier.