Ce soir à 21h05, France 5 nous invite à plonger dans les coulisses d’un marché aussi sucré que trouble avec le documentaire Miel : un « buzziness » florissant. À première vue, le miel est un produit naturel, sain, ancestral, presque sacré. Mais derrière l’image dorée se cache une réalité plus amère : celle d’un marché mondialisé où les fraudes se multiplient, où les apiculteurs français sont à bout de souffle, et où les consommateurs, souvent mal informés, deviennent les victimes collatérales d’un système opaque. À travers une enquête rigoureuse, ce film met à nu les mécanismes d’un secteur en crise, entre enjeux sanitaires, économiques et écologiques.

Un produit en chute libre, une consommation en plein boom

La France raffole du miel. Avec environ 45 000 tonnes consommées chaque année, l’Hexagone figure parmi les plus grands amateurs européens. Pourtant, depuis dix ans, la production locale s’effondre. Le frelon asiatique, les épisodes de sécheresse, les parasites comme le varroa : tout semble conspirer contre les abeilles. Résultat : les ruches françaises produisent à peine un tiers du miel que nous consommons. Le reste vient de l’étranger. Or, cette dépendance aux importations n’est pas sans conséquences. Le film de France 5 met en lumière l’impact direct sur les apiculteurs français, contraints de brader leur production ou de la stocker faute d’acheteurs. Les supermarchés, eux, préfèrent les miels venus de Chine, d’Argentine ou d’Ukraine, souvent moins chers, mais aussi moins contrôlés. Derrière les pots joliment étiquetés, se cache parfois une tout autre réalité.

Un marché inondé par la fraude, révélations explosives à la clé

L’un des temps forts du documentaire est sans aucun doute le scandale révélé par un rapport de l’Union européenne datant de 2023 : sur 320 échantillons de miel importé et jugé suspect, près de la moitié étaient coupés avec des sirops de sucre. Le choc est total. Ces mélanges frauduleux, impossibles à détecter à l’œil nu ou au goût, arrivent sur nos étals en toute légalité, faute de réglementation suffisamment stricte. Le documentaire explore en détail les circuits opaques de cette fraude à grande échelle, où des intermédiaires sans scrupules parviennent à blanchir du faux miel en le faisant transiter par plusieurs pays européens. On découvre notamment comment certains grands industriels jouent avec les limites de la législation actuelle pour vendre du « miel » qui n’a parfois que le nom. Les caméras de France 5 nous emmènent jusque dans les entrepôts du port de Barcelone, plaque tournante du commerce du miel, où transitent chaque année des milliers de tonnes d’un produit souvent impossible à tracer.

Des solutions locales pour restaurer la confiance et sauver les abeilles

Face à ce constat alarmant, le documentaire ne se contente pas de dénoncer. Il donne aussi la parole à ceux qui, en France, tentent de préserver un savoir-faire authentique. Le conservatoire de l’abeille noire d’Ouessant en est un exemple marquant. Isolées au large de la Bretagne, ces abeilles sont à l’abri des maladies et des croisements génétiques. L’équipe du conservatoire milite pour une apiculture durable, respectueuse de l’environnement et de la biodiversité. Par ailleurs, les labels locaux, les circuits courts, les marchés fermiers et les pots de miel vendus à la ferme gagnent en popularité. Le documentaire insiste sur un point crucial : ce sont les choix des consommateurs qui, in fine, peuvent inverser la tendance. En lisant attentivement les étiquettes, en s’informant sur l’origine du miel, en privilégiant des apiculteurs locaux, chacun peut peser dans la balance et participer à la survie d’un métier aujourd’hui menacé. Le miel ne devrait pas être une simple marchandise ; c’est un produit vivant, le fruit d’un écosystème fragile, qu’il faut protéger à tout prix.