Ils pensaient simplement profiter d’un week-end cosy dans une maison de campagne, entre bons petits plats, balades en forêt et souvenirs partagés autour d’un feu de cheminée. Mais dans Les Quatre Saisons, série disponible dès aujourd’hui sur Netflix, rien ne se passe comme prévu. Dès les premières minutes, une révélation vient fissurer l’apparente harmonie des trois couples protagonistes. L’un d’eux envisage une séparation, et cette annonce agit comme un séisme dans le groupe. Très vite, les regards changent, les mots se font plus acérés, et derrière les sourires polis, on sent monter la tension. Cette série, à la fois drôle et cruellement lucide, ausculte les liens qui unissent ces personnages avec finesse et un humour bien trempé. Une question nous taraude dès le premier épisode : peut-on vraiment tout se dire entre vieux amis ?

Une série chorale portée par des dialogues affûtés et un casting d’élite

Créée par Tina Fey, Lang Fisher et Tracey Wigfield, et inspirée du film culte de 1981 de Alan Alda, Les Quatre Saisons se réinvente comme une comédie dramatique contemporaine. Le casting, tout simplement irrésistible, ajoute une couche d’authenticité et de mordant à chaque scène. Tina Fey, ici uniquement devant la caméra, forme avec Will Forte un couple crédible et touchant, tandis que Steve Carell et Kerri Kenney-Silver brillent dans des échanges où l’ironie le dispute à la vulnérabilité. Colman Domingo, bouleversant, impose une présence magnétique, parfaitement contrebalancée par la douceur méditative de Marco Calvani. Leurs interactions captent avec acuité la lente érosion des liens amoureux et amicaux. Chaque épisode est centré sur une saison, permettant aux émotions, comme à la nature, de suivre leur cycle : l’effervescence du printemps, la chaleur étouffante de l’été, les teintes nostalgiques de l’automne et l’austérité du cœur hivernal. Une construction qui épouse à merveille l’évolution psychologique des personnages.

Sous les rires, l’amertume : une comédie douce-amère sur la loyauté et les faux-semblants

Les Quatre Saisons aurait pu se contenter d’être une série de plus sur les névroses de la classe moyenne américaine. Mais elle parvient à se distinguer par la subtilité de son ton, oscillant constamment entre burlesque et drame, éclats de rire et silences gênés. Ce qui frappe, c’est la justesse avec laquelle elle décrit les petits arrangements, les frustrations muettes et les secrets trop longtemps tus qui gangrènent les relations. Les dialogues, finement ciselés, évitent le piège de la caricature, et la mise en scène sobre laisse toute la place aux non-dits, aux regards fuyants, aux maladresses qui en disent long. C’est cette capacité à capturer l’instant, à révéler l’ambiguïté des sentiments, qui donne à la série sa force émotionnelle. Chaque couple, chaque amitié est mise à l’épreuve, et l’on comprend que si les saisons passent, certaines blessures, elles, ne guérissent jamais vraiment. Un portrait doux-amer de l’usure du temps, mais aussi une célébration sincère de ceux qui choisissent malgré tout de rester.

Ce qu'il faut retenir

Les Quatre Saisons est une réussite singulière, à la fois légère et grave, portée par un casting d’exception et une écriture ciselée. En quatre épisodes aux allures de huis clos, la série dissèque avec humour et tendresse la fragilité des relations humaines, tout en posant un regard acide sur les faux-semblants qui composent nos vies sociales. On y rit souvent, parfois jaune, on s’y reconnaît un peu trop, et surtout, on en ressort avec cette question lancinante : qu’est-ce qu’une amitié solide, sinon la capacité à encaisser les vérités les plus dures ? Un bijou de finesse, aussi drôle qu’émouvant.