Ce soir sur France 5, à 21h05, « Enquête de santé » met les pieds dans le plat en s’attaquant à une vérité glaçante : le travail peut rendre gravement malade. Alors que l’on répète souvent que travailler, c’est bon pour la santé, des milliers de salariés en France vivent l’exact inverse. Troubles physiques, burn-out, cancers… le documentaire réalisé par Céline Martel donne la parole à ceux qui ont tout perdu à cause de leur emploi. Quatre témoignages forts, suivis d’un débat animé par Marina Carrère d’Encausse, pour ouvrir les yeux sur un sujet encore trop tabou : les maladies professionnelles.

Le combat d’une aide-soignante pour faire reconnaître son cancer comme maladie professionnelle

À Forbach, Marie-Claude Weyandt, 69 ans, incarne la ténacité et la colère d’une génération de travailleurs oubliés. Aide-soignante pendant plus de trente ans, elle est aujourd’hui atteinte d’un cancer du sein qu’elle attribue à son exposition prolongée à certains produits chimiques à l’hôpital. Mais faire reconnaître sa maladie comme professionnelle relève du parcours du combattant. Face à une administration souvent sourde, elle s’appuie sur le soutien de François Dosso, un syndicaliste habitué à ces batailles, notamment auprès d’anciens mineurs pour qui il a obtenu la reconnaissance du préjudice d’anxiété. Ensemble, ils dénoncent les lenteurs de la bureaucratie et l’indifférence du système, tout en menant un combat symbolique pour tous ceux que le travail a abîmés en silence.

Un ostréiculteur cassé par son métier et ignoré par les aides publiques

Damien Métayer, 39 ans, n’a jamais compté ses heures sur l’île d’Oléron. Ostréiculteur passionné, il a dû mettre sa vie professionnelle entre parenthèses après une opération lourde pour soigner une hernie discale causée par des années de travail physique intense. Pendant son arrêt, ce sont ses parents retraités et son frère qui ont maintenu l’activité de l’entreprise familiale à flot. Aujourd’hui, Damien tente de reprendre sans trop forcer, en rêvant d’un exosquelette qui soulagerait son dos. Mais cet équipement coûteux n’est pas pris en charge, ni par l’assurance maladie, ni par les aides à l’innovation. Le documentaire pointe ici l’absurdité d’un système qui préfère réparer les dégâts plutôt que prévenir.

Burn-out, harcèlement et reconstruction : le long tunnel de Christine

Christine, 56 ans, n’a plus jamais été la même après trois ans de harcèlement moral dans une compagnie d’assurances. En 2022, elle craque. Le diagnostic tombe : burn-out sévère. Depuis, elle vit avec des troubles cognitifs handicapants — pertes de mémoire, crises d’angoisse, incapacité à se concentrer — qui l’isolent socialement et professionnellement. La caméra suit sa lente reconstruction, aidée par une psychologue qui l’encourage à témoigner devant des étudiants en psychologie du travail. Le but ? Transformer la douleur en parole, et éviter que d’autres subissent le même sort. Christine incarne cette souffrance invisible et pourtant omniprésente dans le monde de l’entreprise.

Une main broyée, un avenir à reconstruire : la résilience de Paul

À 28 ans, Paul Reyl a vu sa vie basculer en quelques secondes. Ouvrier dans une fabrique d’appâts pour la pêche, il perd plusieurs doigts dans un accident de machine. Après huit mois d’arrêt et d’opérations, il décide de reprendre son travail. Mais rien n’est simple. Les gestes du quotidien deviennent une épreuve. Avec sa compagne, il se bat pour déménager dans un local plus adapté, avec des machines sécurisées et accessibles. Mais là encore, les aides se font attendre. Le film montre à quel point, au-delà du drame personnel, c’est tout un système de prévention, de soutien et de réinsertion qui semble défaillant pour ceux qui veulent continuer à vivre de leur métier, malgré le handicap.