Ce soir à 21h10 sur France 2, la chaîne publique propose une fiction inédite et percutante : Le combat d’Alice. Adaptée du roman 8865 de Dominique Legrand, cette œuvre raconte l’éveil militant d’une adolescente confrontée à la maltraitance animale. Portée par Lucy Loste Berset et Nicolas Gob, cette histoire ancrée dans le monde rural bouscule les repères familiaux et sociaux en explorant les tensions entre les générations, les convictions personnelles et les réalités d’un monde agricole en crise. Une œuvre de fiction forte, nourrie d’émotion et de conflits intimes, qui s’inscrit dans la veine des récits engagés de France Télévisions.
Une adolescence foudroyée par le deuil et l’exil rural
Alice a seize ans, l’âge où l’on cherche encore sa place. Depuis la mort de sa mère, deux ans plus tôt, la jeune fille erre, déboussolée. Son comportement l’éloigne du système scolaire, et son père, Joscelin, décide de l’envoyer vivre chez ses grands-parents à la campagne. Ce retour aux racines va bouleverser sa trajectoire. Là-bas, elle croise le regard d’un veau et ce lien inattendu devient un catalyseur. Une révélation même. Car ce jeune animal, promis à l’abattoir, cristallise tout ce qu’elle ne parvient plus à dire, à hurler, à digérer. Ce sera lui ou elle. La vie ou la mort. Et ce basculement intime vers la cause animale se transforme rapidement en combat total, à l’image de cette adolescence sans filtre, tout en excès et en absolu.
Le monde paysan au cœur de la fracture générationnelle
Dans Le combat d’Alice, la ruralité n’est pas un décor. Elle est une arène, un théâtre de tensions sociales, familiales et politiques. À travers les yeux d’Alice, on entre dans un monde souvent invisible, celui des petits éleveurs, des traditions, des silences et des compromis. Son père, Joscelin, campé par Nicolas Gob, incarne cette France blessée, désabusée, partagée entre résignation et colère. Entre eux, la relation est rude, cabossée, mais vivante. Et c’est dans ce lien fragilisé que se joue une forme de résilience. Le combat d’Alice pour sauver un veau devient, en creux, un appel au secours, une tentative désespérée de retrouver du sens, du lien, et peut-être, un jour, la paix. Une phrase du producteur Pierre Sportolaro résume cette tension : « C’est au cœur de l’univers paysan que se déploie l’histoire de ce père et de sa fille, liés par l’amour et les tourments. »
Militantisme, fougue et désillusion : un regard sur le monde d’aujourd’hui
Le récit ne se contente pas d’opposer une adolescente idéaliste à un monde adulte cynique. Il explore la complexité de l’engagement, surtout quand il naît dans un esprit encore bouleversé par le deuil. Alice découvre la réalité du militantisme : les actions-chocs, la clandestinité, les divergences internes. Elle s’y jette corps et âme, jusqu’à parfois en perdre pied. Et dans ce tumulte, la fiction interroge l’impact des images, la légitimité de l’action directe, et surtout, les limites d’un monde qui semble ne pas vouloir changer. Le combat d’Alice n’est pas un manifeste, c’est un cri. Un cri porté par la jeunesse, mais qui trouve des échos dans toutes les générations. La phrase qu’Alice lance à son père, « J’y croyais, moi, au monde d’après », résonne comme un cri de désillusion collective.
Une fiction engagée, mais pas à charge
Le mérite de cette production est de ne jamais tomber dans le manichéisme. Le regard porté sur le monde agricole est nuancé, empathique. Les personnages sont humains, tiraillés, imparfaits. L’abattage industriel n’est pas montré comme un simple monstre sans visage, mais comme le produit d’un système, d’une économie, d’une nécessité aussi. Le film explore les marges de résistance sans ignorer les zones grises. Comme le souligne le producteur, « Nous souhaitions élaborer un film équilibré, engagé contre la maltraitance animale certes, mais pas à charge, un récit qui permettrait d’aborder avec nuances notre relation à la vie et à la mort. » Ce choix narratif permet à Le combat d’Alice de toucher juste, d’interpeller sans imposer, d’émouvoir sans culpabiliser.