Jeudi soir à 22h45, France 3 Bretagne rediffuse le documentaire poignant La messe est (presque) dite, signé Jean-Étienne Frère et Laurent Cadoret. Ce film subtil et humaniste suit trois prêtres catholiques confrontés à une réalité troublante : celle d’un monde où la foi catholique ne fait plus recette. Entre solitude, questionnements et espoir, ce documentaire donne à voir un visage inattendu et souvent méconnu de l’Église de France.

Trois visages de la foi en terre désenchantée

Dans La messe est (presque) dite, les réalisateurs ont choisi de suivre trois figures emblématiques du catholicisme contemporain, dans des contextes radicalement différents. Il y a le prêtre de campagne, solitaire mais combatif, qui tente de maintenir un lien spirituel avec des paroissiens de plus en plus rares. Il y a celui de la ville, confronté à l’indifférence, voire à la défiance d’un public urbain qui ne comprend plus le rôle du curé dans la cité. Et enfin, il y a le prêtre issu d’un courant traditionaliste, qui officie selon les rites anciens et attire un autre type de fidèles, fervents, souvent plus jeunes, mais aussi plus rigides. À travers ces trajectoires individuelles, ce sont les fractures du catholicisme français qui se dessinent : une foi qui cherche son souffle, entre effacement progressif et résistances conservatrices.

Une Église entre l’ombre du passé et les espoirs du renouveau

La force du documentaire tient dans sa capacité à ne pas juger mais à observer. On y perçoit l’immense solitude de ces prêtres, confrontés au désintérêt général. Les messes se vident, les églises peinent à entretenir leurs bâtiments, et les vocations se font rares. Mais La messe est (presque) dite ne tombe jamais dans le constat désabusé. Il capte aussi les tentatives de renouveau, les petits signes de foi qui persistent, les sourires, les gestes, les mots simples échangés avec ceux qui croient encore. Le film met aussi en lumière les tiraillements internes : faut-il moderniser l’Église ou revenir à ses fondements ? Doit-elle s’adapter à la société ou s’en distinguer ? Le contraste entre une Église vieillissante, minée par les scandales, et une autre plus conservatrice mais dynamique, fait résonner une tension bien actuelle, particulièrement sensible dans l’Ouest, où se déroule le documentaire.

Une question centrale : l’avenir du catholicisme en France

Derrière les portraits, c’est une réflexion plus vaste que soulève ce documentaire : que reste-t-il du catholicisme dans une société laïque, sécularisée, souvent méfiante à l’égard des institutions religieuses ? Peut-on encore « croire ensemble » quand tout pousse à la vie individuelle ? La messe est (presque) dite évoque avec pudeur et profondeur cette fin d’un monde religieux structurant, mais sans nostalgie ni fatalisme. Il interroge aussi la place de la spiritualité dans notre époque et offre, par petites touches, un regard nuancé sur des hommes de foi, ni héros, ni martyrs, simplement humains. C’est cette humanité qui touche, émeut et questionne. Le documentaire, sans jamais hausser le ton, réussit là où beaucoup échouent : faire parler de religion sans prosélytisme, sans caricature, et sans tabou.

Ce qu'il faut retenir

La messe est (presque) dite n’est pas un énième documentaire sur la crise de l’Église, mais un film délicat, incarné, qui donne la parole à ceux qui, dans l’ombre, continuent de croire, de douter, d’agir. En suivant ces trois prêtres aux profils contrastés, Jean-Étienne Frère et Laurent Cadoret captent l’essence d’un catholicisme en transition, tiraillé entre désert spirituel et retour aux sources. C’est un regard lucide et sensible sur une foi qui vacille, une institution en quête de sens, et des hommes qui, malgré tout, poursuivent leur mission.

La messe est (presque) dite

Documentaire de Jean-Etienne Frère et Laurent Cadoret (2024)

France 3 Bretagne

Jeudi 10 avril

22H45