Jeudi à 22h50 sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, partez pour un voyage sensoriel, poétique et géologique au cœur de deux territoires miroirs que tout semble opposer, mais qu’un lien invisible ne cesse d’unir.

Deux territoires jumeaux séparés par le Rhône

Il suffit d’un regard depuis les hauteurs d’un belvédère ou d’un vol de drone pour ressentir l’étrangeté de cette gémellité. D’un côté, la Drôme, élégante, douce, ponctuée de lavande, de châteaux renaissance et de villages perchés. De l’autre, l’Ardèche, farouche, brute, sculptée par des gorges profondes, des coulées volcaniques et des forêts impénétrables. Ce documentaire inédit, Drôme Ardèche, les terres jumelles, propose bien plus qu’un simple panorama régional : c’est une immersion dans deux territoires complémentaires, où le Rhône, loin d’être une frontière, devient trait d’union.

À travers le regard d’un géographe écrivain, la terre se fait mémoire. Car sous nos pieds, il y a 200 millions d’années, dormait un océan qui a, lentement, façonné les paysages. L’érosion, le soulèvement des montagnes, les chocs tectoniques ont donné naissance à des merveilles naturelles comme le Cirque d’Archiane, amphithéâtre calcaire à la beauté sauvage, ou encore les Sucettes de Borne, étranges formations verticales dressées comme des menhirs naturels défiant le ciel.

Une nature spectaculaire et préservée

Le documentaire prend aussi le temps de s’attarder sur les trésors botaniques et forestiers des deux régions. La forêt de Saou, enclavée au cœur d’un synclinal perché, est un joyau de biodiversité né il y a 85 millions d’années. Ses lignes tourmentées culminent au sommet des Trois Becs, véritables vigies de la Drôme provençale. À ses pieds, la cueillette manuelle de graines de cèdre de l’Atlas, espèce précieuse et rare, témoigne d’un savoir-faire discret mais essentiel à la préservation de l’écosystème.

En Ardèche, c’est un autre genre de miracle végétal que le film met en lumière : les jardins suspendus de Labeaume. Nichés dans les falaises calcaires, ils renaissent aujourd’hui grâce à des bénévoles passionnés. Une forme de résistance douce qui s’inscrit dans la grande tradition ardéchoise du lien à la terre. À travers ces paysages, c’est aussi toute une philosophie de vie que ce documentaire laisse entrevoir : humble, patiente, enracinée.

Une histoire gravée dans la pierre

Mais l’émotion ne s’arrête pas aux panoramas. Drôme Ardèche, les terres jumelles donne aussi à voir les vestiges d’un passé encore vibrant. Survolant les châteaux, les ruines et les forteresses médiévales, la caméra suit une conservatrice et une architecte qui racontent, pierre après pierre, la grandeur de ces lieux. La Tour d’Albon, berceau du Dauphiné, surgit telle une sentinelle du passé. Le château de Suze-la-Rousse, ancien bastion des Princes d’Orange, semble quant à lui veiller sur les coteaux viticoles de la Drôme, où s’élabore depuis des siècles la clairette de Die.

La Drôme, toujours fidèle à ses paysages ouverts, offre aussi l’une des dernières rivières sauvages d’Europe : son cours non canalisé file entre les vignes et les galets, invitant les hommes à la descente en canoë ou à la contemplation. Là encore, les images captées depuis les airs révèlent une harmonie entre l’humain et la nature, rare à notre époque.

Au cœur de la terre, les secrets souterrains de l’Ardèche

L’ultime partie du voyage nous plonge dans les profondeurs. Car si l’Ardèche impressionne par ses gorges et ses plateaux, elle fascine aussi par ce qu’elle cache sous terre. L’Aven d’Orgnac, classé Grand Site de France, dévoile un monde minéral spectaculaire. Colonnes de pierre, stalactites géantes et concrétions millénaires forment une cathédrale naturelle où l’eau a sculpté, patiemment, l’impossible. Ces paysages souterrains font écho aux paysages aériens du début du documentaire, et clôturent le film sur une note quasi mystique, comme si, décidément, le secret des terres jumelles se trouvait entre ciel et abîme.