Ce jeudi à 21h05, Chérie 25 propose un moment de cinéma d’une rare intensité avec la diffusion du film La fille du puisatier, réalisé par Daniel Auteuil. Adapté du classique de Marcel Pagnol, ce long-métrage mêle passions contrariées, drame familial et tourments de l’Histoire dans une Provence baignée de lumière. Astrid Bergès-Frisbey incarne Patricia, jeune fille d’une beauté discrète mais d’une intensité rare, qui croise la route de Jacques, un aviateur campé par un Nicolas Duvauchelle charismatique et fugace. Une rencontre éphémère, un amour fulgurant, et une absence qui creuse les silences… Le film, tout en finesse, explore les secousses provoquées par une grossesse hors mariage dans la France rurale des années 1930. Avec sobriété, tendresse, mais aussi une colère rentrée, il interroge les inégalités sociales et les hypocrisies bourgeoises.

Astrid Bergès-Frisbey lumineuse, Daniel Auteuil bouleversant

Astrid Bergès-Frisbey crève l’écran dans le rôle de Patricia. À la fois fragile et digne, elle donne une humanité bouleversante à ce personnage de jeune fille prise entre le devoir filial et le poids du regard social. Face à elle, Daniel Auteuil, qui porte aussi la casquette de réalisateur, endosse le rôle du père, ce puisatier digne et silencieux, terrien rugueux mais tendre. Il incarne avec une retenue poignante ce patriarche dépassé par le drame, mais habité d’un amour inconditionnel pour sa fille. Dans un registre plus tempéré, Kad Merad surprend dans le rôle de Félipe, figure simple et fraternelle, qui adoucit les tensions avec une sincérité touchante. Tout autour, les seconds rôles complètent avec justesse ce tableau humain profondément enraciné dans la terre provençale, où les sentiments s’expriment davantage par les silences que les grands discours. On est saisi par la pudeur du récit, son classicisme élégant et l’émotion qui affleure à chaque plan.

Un film d’époque mais d’une modernité criante

Sous ses atours de fresque historique, La fille du puisatier aborde des thématiques toujours brûlantes d’actualité : la stigmatisation des mères célibataires, la fracture sociale entre les classes, le poids des conventions… La guerre, en toile de fond, révèle les failles et les grandeurs de chacun. Le film ne cherche pas l’effet spectaculaire, mais cultive l’émotion à travers une narration sobre, portée par une mise en scène soignée et des dialogues ciselés à la manière de Pagnol. On est ému sans jamais être manipulé, et c’est peut-être là la plus belle réussite de ce remake. Daniel Auteuil, en reprenant ce rôle tenu autrefois par Raimu, rend un hommage vibrant au cinéma de patrimoine tout en lui insufflant une sensibilité très contemporaine. À travers les regards, les gestes retenus et les paysages provençaux magnifiés, il filme le lien filial avec une tendresse brute, presque pudique. Un cinéma à l’ancienne, mais qui parle terriblement au cœur d’aujourd’hui.

Ce qu'il faut retenir

Ce soir, Chérie 25 offre au public une œuvre rare, portée par des comédiens d’exception et une réalisation empreinte de délicatesse. La fille du puisatier, au-delà de son contexte historique, raconte l’intime, la famille, la honte et l’orgueil, le pardon et la résilience. Daniel Auteuil y déploie tout son amour du verbe de Pagnol et filme la Provence avec un regard amoureux et sensible. Un film à ne pas manquer, qui nous rappelle que les sentiments les plus simples sont souvent les plus universels.

La fille du puisatier

Film drame de Daniel Auteuil (2010)

Avec : Astrid Berges-Frisbey, Daniel Auteuil, Kad Merad…

logo de la chaîne M6

Jeudi 24 avril

21H05